L'écriture, la vie, la mort...

Désormais, j'ai épuisé mes réserves. Je n'ai plus de personnages fictifs à faire mourir à ma place. Tous mes pseudonymes, tous mes noms de guerre ont été utilisés, éparpillés dans le vent désertique de la mort.
Plus d'Artigas, plus de Larrea, plus de Bustamante, plus de fantôme en chair et en os à envoyer au sacrifice. Ils ont joué leur rôle, crânement. Me voici solitaire et nu devant la mort. Elle choisira son heure, je serai prêt.

Jorge Semprun. "Adieu, vive clarté...". 1998